lundi 8 février 2010
Un casque pour les motards optimisé grâce à la biomécanique
Un projet de recherche mené à Strasbourg a permis de mettre au point
un casque pour les motards, qui améliore de 10 à 20 % la protection de
la tête en cas d'accident.
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« Depuis vingt ans, notre équipe travaille dans le domaine des chocs
appliqué à la tête et au cou. On a répondu en 2005 à un appel d'offre
du ministère des Transports qui cherchait à concevoir un casque
offrant une meilleure protection. »
Le professeur Rémy Willinger dirige le laboratoire de systèmes
biomécaniques à l'Institut de mécanique des fluides et des solides de
Strasbourg. Ce qui l'intéresse dans l'optimisation du casque, c'est de
prendre en compte des critères biomécaniques c'est-à-dire « l'impact
des chocs sur le tissu vivant ».
L'accélération linéaire ne suffit pas
« Les blessures à la tête sont un critère pour mesurer la protection
d'un casque, explique-t-il. Notamment la sévérité d'un choc basé sur
l'accélération de la tête. » À l'aide d'une fausse tête pesant 4,5 kg,
le chercheur reproduit des impacts et enregistre l'accélération
linéaire que subit la tête. En normes internationales, on appelle cela
l'indice HIC ou Head injury criteria (critère de blessure à la tête).
« En gros, note Rémy Willinger, si ce HIC est supérieur à 1000, c'est
la mort assurée. S'il est inférieur à 1000 ça va plus ou moins bien.
Et s'il est égal à 1000, c'est dangereux ».
Mais Rémy Willinger estime qu'il faut aussi étudier l'efficacité du
casque non seulement en terme de résistance à un choc mais aussi en
termes de lésions provoquées sur les os crâniens et sur le cerveau.
Pendant cinq ans, son laboratoire a épluché les données de plusieurs
centaines d'accidents réels qui lui ont été fournies par des instituts
d'accidentologie partout dans le monde. Et recensé les blessures
crâniennes et les comas qui en ont découlé. Toutes ces informations
ont ensuite été entrées dans un ordinateur et modélisées. « On en a
tiré de nouvelles méthodes de tests pour les casques. On s'est vite
aperçu que l'accélération linéaire ne suffisait pas comme critère mais
qu'il fallait aussi prendre en compte l'accélération rotatoire et
l'intégrer dans le modèle ».
Les chercheurs reconstruisent alors 44 accidents de motards et
modélisent le vol plané ou cinématique de la victime. « Ceci nous
donne la vitesse au moment de l'impact et nous permet d'évaluer le
risque de lésion et l'efficacité du casque en mesurant notamment les
déformations du matériau utilisé. »
De leurs résultats, il apparaît vite que, s'agissant des casques les
moins chers, le plastique dont ils sont faits, matériau homogène et
élastique, n'est pas suffisant, car il entraîne le rebond. « Les
matériaux composites, qui absorbent l'énergie du choc pour ensuite la
dissiper en se rompant, nous paraissaient plus adaptés. » L'équipe
essaie de nombreuses combinaisons associant résine époxy et fibres de
verre qui minimise le HIC mais aussi le risque de lésions osseuses ou
cérébrales. Et aboutit à un prototype qui améliore les capacités de
protection de 10 à 20 %.
Développer les tests comparatifs
Mais ces travaux leur indiquent que les normes en vigueur sont
largement insuffisantes pour rendre compte de l'efficacité de tel ou
tel casque. Devant la difficulté de faire évoluer ces normes, Rémy
Willinger verrait d'un bon œil les associations de consommateurs se
saisir du problème et effectuer des études comparatives, à l'aide des
tests d'essai développés dans son laboratoire.
En attendant, le fabricant de casques Shark, partenaire du projet,
s'est saisi de ces résultats pour élaborer une gamme de nouveaux
casques, plus protecteurs.
Article "L'Alsace"
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